mercredi 26 décembre 2012

La solution de l’État unique ou la prédiction de Bertolt Brecht


Depuis l’échec relatif des Accords d’Oslo un grand fantasme dans la gauche postsioniste israélienne, comme parmi une certaine gauche européenne — et même une petite partie de l'intelligentsia palestinienne — consiste à se résigner à une occupation prolongée de la Cisjordanie qui la ferait devenir de facto une réserve ethnique. Le projet de l’État arabe de Palestine serait abandonné et l’absence de droit de vote des Palestiniens ainsi que de droit de circulation dans l’ensemble du pays serait alors ouvertement une situation d’apartheid ; des pressions fortes arriveraient de la Communauté internationale, finalement l’État d’Israël disparaîtrait pour devenir une nation de ces citoyens et les Juifs redeviendraient une minorité, comme partout ailleurs. Scénario utopique pour beaucoup car il parvient à faire coexister de façon cohérente les deux vielles chimères de la gauche pseudo-humaniste sur Israël : l’erreur de son existence même et la volonté de résoudre ce conflit interminable sans violences. Cependant, jamais cette solution dite de « l’État binational » ne se concrétisera dans les faits. Jamais les peuples ne le toléreront, pas plus les Palestiniens que Israéliens ne sont résignés à abandonner leur souveraineté et leur auto-détermination. Le nationalisme, cet anachronisme rétrograde pour certains, est le fondement de leurs sociétés respectives. « Puisque le peuple vote contre le Gouvernement, il faut dissoudre le peuple » plaisantait le grand dramaturge allemand Bertolt Brecht.

Puisque les Palestiniens ne veulent pas se résoudre à négocier et à revenir sur le droit au retour, que les Israéliens refusent de diviser Jérusalem et d’arrêter de coloniser... il faut dissoudre leurs peuples.

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